Guided by Voices - Space Gun

 guided by voices space gun

Avertissement : il est possible qu'un peu de mauvaise foi se soit glissée dans cette chronique. Si cela était le cas, ce serait indépendamment de la volonté de l'auteur.

Je ferai l'effort d'écrire une vraie chronique d'un disque de Pollard, incarnation de Guided by Voices, le jour où celui-ci se demandera si cela vaut vraiment la peine de continuer à pisser de la chanson au kilomètre comme on déroule un rouleau de papier cul. C'en est à un point que cela ressemble à une blague. Après avoir sorti pas loin d'une trentaine d'albums en un peu moins de 25 ans d'existence, le marathon dans lequel semble s’être lancé Robert Pollard lui a fait sortir 4 albums en 2 ans - à savoir depuis la deuxième re-formation en 2016 - et il en sortira deux autres en 2019. Sans compter les EP et les singles, c'est trop long.
Certains titres sont tellement proches les uns des autres qu'on croit à une autre prise studio. Et que je te prends les mêmes accords, je change l'ordre et hop ! une nouvelle chanson. Facile. D'autres fois il ne se fatigue même pas à ce point là. Bref.
Dans toute la discographie de Guided by Voices, il doit bien traîner une compilation quelque part qu'un employé de label aura été mal payé, en tout cas pas assez, mais quand même j'espère pour lui parce que c'est du boulot, pour extraire de toutes les sorties de Guided by Voices (rien moins qu'une centaine tout compris) une vingtaine de titres significatifs et ayant une caractéristique un tant soit peu artistique. Imaginez les longues heures d’écoutes pour extraire la substantifique moelle d'une écriture devenue bien trop robotique pour encore valoir quelque chose.
Mais parmi ces titres-là, certainement, il y a en a qui ont fait que Guided by Voices méritait son existence au sein de toute cette jungle musicale.
Pour suivre quelques forums, je peux vous affirmer que ceux qui ont un jour trouvé un intérêt à GbV posent une oreille sur toutes les nouvelles sorties, à tout hasard, histoire d'y découvrir, peut-être, un morceau ou deux introduisant un peu de changement - mais tous se cramponnent à leur disque fétiche qu'ils considèrent comme le point d'entrée unique, celui qui représente vraiment (it) Guided by Voices sans jamais concéder à l'écoute des précédentes productions du groupe de peur de découvrir que leur référence ne soit que le résultat d'un auto-pompage, et qu'ils voient ainsi se flétrir la chaude et intime affection qu'il portaient encore en eux pour ce groupe - et peut-être aussi pour leur amour-propre.
Finalement, ce qu'il reste de public à Guided by Voices aujourd'hui est constitué d'intarissables sentimentaux qui espèrent à chaque fois l'objet de leur désir revienne vers eux et casse un peu la routine.
Pour l'instant, ils peuvent faire une croix sur le resto italien, le bouquet de fleurs et le mot d'excuse qui dirait "J'ai pris du recul et j'ai compris ton point de vue. Je te promets de faire des efforts pour changer".
Du coup ne peut qu'être suggéré à celui/celle qui ne connaît pas GdV de jeter une oreille à la compilation "Human Amusements at Hourly Rates" de 2003 (32 titres devraient largement suffire à faire le tour de la question - et effectivement oui, j'ai triché, je savais qu'il y en avait une), ou, mieux, écouter "Half Smile of the Decomposed" qui, en un album, le dernier avant la séparation #1 en 2004, synthétise tout ce que le groupe a su faire. Mais ce n'est que mon avis. Et non, je ne suis pas un sentimental.