Yo La Tengo - There's A Riot Going On

yo la tengo riotSi émeute il y a, elle est du genre des plus calmes, si elle est a l'image de ce dernier opus en date de Yo La Tengo. Véritable sit-in musical, comme une réponse au "tout-va-très-vite" contemporain, Yo La Tengo propose une slow music plus profonde qu'elle n'en a l'air.

S'étant fait une spécialité dans la production d'une pop arrondie aux angles et sans cassure, les 3 résidents d’Hoboken, New Jersey n’en ont pas moins exploré tous les contours, de la country à la noise.  Les bases de leur personnalité, ils  les ont dégagé en 15 albums et autant d’EP, dont certains comme I Can Hear the Heart Beating As One, Fakebook ou And Then Nothing Turned Itself Inside-Out ont fait vibré le petit milieu indé, et fait de Yo La Tengo l’un des groupes phare de Matador Records. Alors qu'est-ce qu'un groupe qui a plus de 20 ans de carrière derrière lui peut bien encore avoir à dire ? Eh bien pas mal de choses encore.

D’abord parce que les titres s’inscrivant dans la lignée directe de la petite entreprises artisanale YLT ne sont pas mauvais du tout ("Shades of Blue", "She May, She Might", "What Have I Got", "Forever"). A savoir, donc, une musique apaisée, loin d'une recherche d'efficacité du riff qui fonctionne ou de la mélodie qui se chantonne. En véritable groupe d'artistes, ils se construisent une atmosphère ouatée qui leur plaît, s'y installent et la développent confortablement. Un savoir-faire éprouvé, mais sans surprise. Ils colorent toujours leurs titres de quelques emprunts au jazz ("Above the sound") et la country-folk ("Polynesia #1"). Mais c’est ailleurs que se trouve le véritable intérêt de ce There’s A Riot Going On : lorsqu’ils troquent leurs guitares pour des nappes d'effets ("Dream dream away") ou des boites à rythme ("Ashes"). Cette insistance pour le coté électronique de leurs chansons est une nouveauté , appuyée par le très ambient  "Shortwave" et un "Out of the Pool" évoquant du mauvais Schneider TM. On ne peut pas tout réussir tout le temps, ni du premier coup.

Alors que le disque s’ouvre sur "You are here", il se ferme sur "Here You Are", le dyptique formant deux très beaux instrumentaux à la torpeur étalée sur plus de 5 minutes, rappelant ainsi les fondamentaux d’un groupe qui est, plus que jamais, un véritable couteau suisse talentueux qui s’essaye à tous les styles. Car après le très country Stuff Like That There sorti en 2015, force est de constater qu’il n’y a peut-être qu’une seule chose que Yo La Tengo ne sache pas faire, c’est sortir deux fois le même album.