Papaye - Tennis

Chaleur, leur album sorti en 2010 avait fait une impression telle que Papaye était passé directement sur le devant de la scène noise math-rock française. Ces membres de Pneu, Room 204 et Kommandant Cobra ont choisi pour Tennis une ligne claire à laquelle ils ne dérogent pratiquement pas : en envoyer le maximum en un minimum de temps. Toute la panoplie y passe : brusques à-coups, structures déstructurées, virages à 90° sans prévenir, rapidité du jeu, et bien sûr, l'impression d'entendre plusieurs couches sonores supeprosées les unes sur les autres. Résultat : un math-rock épileptique, qui nous donne l'impression d'être attaché à une clôture électrique.

Papaye s'amuse à nous prendre de court, et quand se n'est pas tout simplement drôle, c'est de la meilleur facture, comme pour "Moquette Miroir" ou "Monica Seles". Quant à "Totally Indeed", il est parcouru d'un petit fil de tension qui ne semble mener nulle part, quand tout à coup surgi l'explosion finale, jouissive mais bien trop courte. Il faut dire que les titres dépassent rarement les 2 minutes, et qu'en 27 minutes chrono, la messe est dite. Pas le temps de trainer, donc, et bien évidement, redites et temps morts sont exclus.

La production est sèche et incisive, les guitares sont aiguisées dans l'aigu. L'intégralité ou preque est instrumentale, si l'on exclut "Grapes", seul titre chanté et chanson d'ailleurs quelque peu anxiogène, qui forme un dyptique avec "Non Mais Vraiment J'Taime J'Te Jure" qui reprend dans son titre une des paroles de "Grapes" mais qui est, contraste voulu, beaucoup plus calme.

On pourrait avoir peur de vite trouver roboratif cette "constante dans le changement", mais Chaleur n'est pas une simple orgie de riffs décousus. L'avantage d'être un groupe instrumental qui ne peut pas se permettre d'apporter une plate illustration sonore à des paroles inexistantes, c'est qu'il faut bien arriver à faire dire quelque-chose à sa musique. Et cela, Papaye y arrive très bien, donnant un exemple de ce qui fait de mieux dans le domaine. Et livrant au passage, le meilleur de sa trop courte discographie.