[Interview] Catapulte Records

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Certaines découvertes musicales qui sont comme des portes qui s'ouvrent. Si le hasard fait bien les choses, c’est tout un univers s’offre à nous alors que nous n’en demandions pas tant : un élément, aussi petit soit-il, stimule notre cerveau et entraine une envie irrépressible de comprendre d’où cette nouveauté peut sortir …

En l'occurrence, c'est en déambulant sur le Mixcloud de l'émission de radio ‘‘Have A Travel’’ (1) que mon œil a été attiré par une image originale. C'était la pochette du premier EP de Derya Yildirim & Grup Şimşek, Nem Kaldi. Le titre éponyme est un mid-tempo à la base rythmique tout en retenue, sur laquelle un saz turc forge une mélodie prise en relai par un synthé vintage avant que le chant ne se pose. La batterie groovy et la wah-wah contrastent avec le saz, donnant à ce titre une impression de flottement atemporel.

L'engouement est immédiat.

Hébergé par le label iconoclaste Catapulte Records, j’ai forcément diggé le bandcamp du label pour en savoir plus. Or, Catapulte produit toute une panoplie de groupes ayant chacun un paysage musical bien à lui, et il n’y a pas à chercher longtemps pour trouver quelques petites perles musicales appartenant à ce self-movement appelé « Outernational ».

L’envie d’en savoir plus est brûlante. Ce fût, comme le veut l’expression, simple comme un coup de fil. Enfin presque ... Occupations diverses, arrivée du Covid, problèmes de téléphone, inertie, déconfinement et reconfinement : avec Axel, l’un des créateurs du label, aussi connu sous le nom de Graham Mushnik, nous aurons à nous y reprendre à trois fois pour mener à bien cet entretien, sur 9 mois de temps. L’occasion fût ainsi donnée de creuser un peu plus à propos du fonctionnement de la cellule Catapulte et d’échanger plus largement sur le vécu des acteurs de la musique en ces temps particulièrement troublés …

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Qu’est-ce que Catapulte ?

VISIONS : Comment a débuté le label ?

AXEL : Cela a commencé en 2007, on était 3 copains en Savoie, on faisait de la musique ensemble après s'être connus pendant nos études d'ingénieurs du son : on a fait quelques concerts, on a enregistré quelques chansons, mais on avait envie de la faire exister autrement. Du coup on s'est lancés comme ça, sans rien planifier au niveau administratif ni commercial : on a pris de notre poche, on a contacté un fabricant de vinyle et hop ! on a fait notre premier disque. Comme on avait aussi envie de voyager, on s'est installés à Londres et on y a rencontré un quatrième larron, et ensemble nous avons créés plusieurs combinaisons de petits groupes : sont nés Helium & Eggs, Patrickbruel, Pissinboy et Guess What, un duo instrumental qui existe maintenant depuis 15 ans. Les 3 autres groupes étaient un peu plus rock, un peu plus punk, mais malheureusement ils n'existent plus. Entre-temps on a fait d'autres projets avec les mêmes personnes ou d'autres encore, et on a pressé d'autres disques.

Petit à petit, à la faveur des concours de circonstances, et avec un peu de chance, des distributeurs se sont intéressés aux premiers disques, certaines personnes les ont entendus et sont revenus vers nous avec des retours tout à fait positifs. Il s'agissait essentiellement d'amateurs de cette musique de niche, et certains nous ont invités pour faire des concerts ou des projets ensemble. Donc on a évolué doucement, naturellement.

Depuis nous avons gardé le même esprit, sans trop chercher à grossir. On fait ce qu'on peut avec le temps et les moyens dont on dispose. L'idée est que Catapulte reste un label de musiciens, c'est peut-être la différence avec beaucoup de labels. On adore faire la musique, organiser les arrangements, faire notre mixage. C'est notre dada de tout produire, donc on fait tout y compris la promotion. Personne n'a de responsabilité vraiment dédiée : on s'occupe tous de l'administratif, de la promo, des finances, etc.  L'esprit est très familial.

VISIONS : En plus des groupes maison, il y a aussi Derya Yildirim, Les Pythons de la fournaise, ...

AXEL : Les Pythons de la fournaise c'est un exemple de groupe "exception", car les membres du groupe ne font pas partie du label, même si Félix qui joue dedans est le graphiste qui réalise toutes nos pochettes de disque. Donc le lien est quand même très fort.

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VISIONS : Et pour les concerts ?

AXEL : On n’a pas de structure de diffusions pour les dates, les groupes savent que pour gérer ce côté-là, il faut qu’ils se débrouillent seuls. Personnellement je fais un peu de booking pour les groupes dans lesquels je suis, c'est du temps et c'est une autre casquette, mais ça fait aussi partie de notre envie de fonctionner de cette façon-là.

VISIONS : L'avantage c'est qu'un groupe n'a pas à s'adapter à un cadre rigide lié à un label, et donc ça lui donne un peu un service à la carte.

AXEL : Oui, nous sommes très souples. Notre fonctionnement laisse tout le choix au groupe. On peut apporter quelque chose de plusieurs manières différentes, y compris prêter du matos. Certains groupes ont déjà une agence de tourneurs, d'autres sont déjà rattachés à un autre label, comme Bongo Joe par exemple, avec qui on a fait plusieurs coproductions, notamment pour Derya Yildirim & Grup Şimşek. Pour les sorties des Pythons de la Fournaise, on coproduit avec Folkwelt qui est une petite structure de sorties de disques et de concerts. On n’a aucune exigence d'exclusivité, on est ouvert à tout. C'est donc au cas par cas, chaque groupe fait sa sauce comme il veut et Catapulte sert de plateforme.

La limite de ce système est que nous avons peu de temps pour promouvoir les groupes. On le dit très tôt aux personnes qui s'adressent à nous : Catapulte peut tout faire jusqu'à la sortie du disque, mais la promotion, c'est un autre domaine. C'est un fonctionnement qui va très bien avec nos groupes et les quelques groupes qui gravitent autour, mais on n'aurait pas la capacité d'avoir beaucoup de nouveaux artistes sur catalogue ni de les mettre en avant. Nous n’avons ni le temps ni les outils pour ça. Du coup soit on sort 300 copies pour se faire plaisir, et le disque vivra sa vie sur les concerts et les disquaires, soit on fait appel à un attaché de presse parce qu'on peut se le permettre et que ça va bien au disque.

‘‘On veut garder le côté rigolo du truc’’

VISIONS : Tout ça parait presque simple dans ta bouche finalement.

AXEL : Il faut oser se lancer et prendre des risques. Il faut aussi aimer tout faire. A Catapulte on est un peu tous addict à ce côté DIY et à l'excitation de sortir un disque de ses propres mains. Et puis Antonin, Damien et moi, les 3 membres fondateurs du label, avons reçu une formation d’ingés-son, ça aide beaucoup du point de vue technique, ça lève énormément de barrières. Nous avons la capacité de produire notre propre musique, alors que d'autres doivent payer des fortunes pour pouvoir enregistrer. C'est une force du label et c'est sûr que c'est une des raisons pour lesquelles on n'a pas eu de grosse galère pour l'instant. Au contraire, cela nous a permis de nous développer et d'aller dans le bon sens. C'est pareil avec le bénévolat : la récompense est toujours là si tu donnes de l’énergie et du temps.

Ceci dit cela représente néanmoins beaucoup d'efforts qui s'ajoutent à notre travail et notre vie de famille. On a tous des enfants maintenant, donc on s'organise d'une façon d'autant plus sérieuse qu'on veut garder le côté rigolo de Catapulte et avoir du temps pour tourner avec les groupes. C'est un équilibre qui nous va bien. 

VISIONS : Vous avez sorti 25 albums en 13 ans, ce n'est pas rien.

AXEL : Effectivement, notre dernière release porte le numéro 30, dont 25 sorties physiques. C'est peu par rapport à d'autres labels, mais on est contents.

VISIONS : Il y a des groupes qui viennent de partout, c'est foisonnant.

AXEL : Oui, on a gardé de bonnes connections avec l'Angleterre, Malphino par exemple est un groupe londonien. Pareil avec l'Allemagne : c'est de là que sont venus nos premiers retours positifs. On y a pas mal de copains maintenant. Derya Yildirim est de Hambourg et vit maintenant à Berlin. Quant à Bongo Joe ils sont très tournés vers la Suisse. On est un petit label mais on arrive quand même à avoir des tentacules assez longs !

VISIONS : Grup Şimşek est assez représentatif de cela.

AXEL : Tout à fait ! Derya vit à Berlin, donc, la batteuse Greta Eacott est londonienne et Antonin Voyant et moi vivons en France. Autant dire que la logistique est un peu complexe, mais bizarrement c'est le groupe qui tourne le plus. C'est la preuve que lorsqu'on a trouvé les bonnes personnes pour faire quelque chose, il ne faut pas lâcher. Après, ce n'est qu'une question d'organisation.

VISIONS : Comment avez-vous découvert cette musique-là ?

AXEL : On est tous très mélomanes et on passe plus de temps à chercher de nouvelles musiques qu'à en faire réellement. Au début on était très hip-hop, post-punk, lo-fi. Au cours des années 2000 on écoutait pas mal de scènes qui croisait le hiphop underground, la pop indé, des scènes alternatives, on aimait tout ça et c'est ce qu'on a retrouvé dans la scène londonienne. En parallèle nous nous sommes ouverts à la musique des autres continents : caribéenne, africaine, moyen-orientale, etc. Ça nous a plu et cela nous a semblé être une évolution naturelle : quand tu habites dans une grande ville et que tu es un tant soit peu ouvert, tu es forcément prêt pour des nouveautés qui peuvent venir de loin. Malphino par exemple était très cosmopolite : il y avait un Japonais, un Colombien, un Malais, un Philippin et un Anglais. Derya &Grup Şimşek est aussi composé de gens qui viennent d'un peu partout et qui se retrouvent autour de la musique turque parce qu'ils l'ont explorée. Mais ce n'est pas une question qui s'est posée au départ, on ne s'est pas dit "On va jouer ce style-là". Nos styles ne se font qu'au fil de nos écoutes et notre musique peut tout à fait changer au cours du temps au gré de nos écoutes et de nos envies.  Par exemple, un groupe comme Guess What, qui ne fait que des compos, mettre un style dessus c'est dur, parfois c'est proche du jazz, parfois plutôt des musiques pop orientales, ou encore beaucoup d'autres choses. C’est sans contrôle.

D'ailleurs parfois on a des surprises quand les autres parlent de notre musique parce qu'ils y voient des choses qu'on ne voit plus ou qui, pour nous, n'ont rien à voir ! Mais l'auditeur peut y entendre ce qu'il veut, pourquoi pas. Après tout, les mouvements musicaux viennent rarement de groupes qui se disent qu'ils vont créer un style. Simplement, ils ont fait la synthèse de leurs influences et de leur envie de s'exprimer à travers la musique. Donc ils ne "comprennent" pas ce qu'ils sont en train de faire, mais les autres y voient une rupture. Ce qui parait naturel chez eux devient quelque chose de complètement nouveau chez le critique qui le qualifie à l'aune de sa propre subjectivité.

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Tournés vers l’Outernational

VISIONS : "Outernational" : d'où vient ce nom ?

AXEL : C'est un clin d’œil à un collectif de musiciens à Bucarest qui fait ce genre de musique, tout à fait moderne, basé sur les synthés, s’inspirant de la musique populaire de Roumanie des années 70-80. Ils ont commencé à organiser un festival qui s'appelle "Outernational Days" (2) qui est vraiment très ouvert. On les a rencontrés via nos amis allemands et on est restés en contact avec eux. Le terme nous a plu, on a trouvé qu'il nous correspondait bien.

VISIONS : Le site internet est chouette

AXEL : On l'a fait coloré et rigolo. Des gens qui connaissent nous riraient au nez en disant "Ahah ! vous êtes toujours en html" ! Mais nous on l'aime bien.

VISIONS : La dernière sortie du label, c'est le dernier album de Graham Mushnik, ton projet solo…

AXEL : 3 jours avant le confinement du mois de mars, nous avons sorti mon 3ème album, Peeping Through The Porthole. Sur la première face le groupe Martini est le ‘backing band’. C’est le groupe 'live' de GM, on a fait de chouettes concerts ensemble mais on n’avait jamais réussi à enregistrer ensemble, c’est super que cela soit enfin fait. Sur la deuxième face il y a deux guests : Derya Yildirim pour un titre et un autre avec mon père, Benny Gordini. Il joue depuis les années 90 avec un groupe, The Slow Slushy Boys. C'est un groupe de soul-funk, je joue avec eux depuis que je suis ado. Ça me tenait à cœur d'avoir mon père sur mon disque. Et puis ma copine fait des chœurs à des endroits, bref, j'ai mis plein de gens que j'aime bien.   

Par contre pour la release, ça a vraiment été la foire : tout était fermé, les délais de livraisons ont explosé. Quelques gens l'ont choppé mais je n’ai pas trop réussi à suivre la sortie de ce disque à cause du coronavirus. Le disque a été diffusé sur quelques radios française et un peu en Allemagne, mais c’est tout. Heureusement durant l’été l'Opéra de Lyon et radio Nova ont programmé un double concert filmé avec interview, le tout retransmis en streaming mais sans "vrai" public (3). Ça a tout de même permis de marquer le coup et de se retrouver sur scène pour jouer notre musique.

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‘‘Les artistes jouent un rôle à part entière dans la société’’

VISIONS : Quelles conséquences ont le coronavirus sur le label ?

AXEL : Évidemment tous les concerts et les projets de release party sont tombés à l’eau depuis le mois de mars, à quelques exceptions près.

On a de vraies raisons de ne pas être optimiste sur le long terme : est-ce que les tourneurs vont pouvoir continuer à exister, comment les salles vont-elles s'en sortir, etc. Le monde du spectacle sera sans doute plus affecté que le monde du disque mais, aujourd’hui les deux vont ensemble car même avec de supers distributeurs et le soutient des magasins qui s’intéressent à nos disques, plus de 50% des ventes de groupes indés se font durant les concerts et les festivals. Catapulte, c’est une distribution très DIY, donc nous ne sommes pas près d'écouler notre stock.

S'il faut trouver quelque chose de positif dans l'histoire, c'est qu'en conséquence on a le temps pour finir des albums, mixer des projets, avancer sur des enregistrements. Comme on a tous un peu de matériel à la maison, c'est faisable. Le quatrième album de Guess What est bientôt fini, on devrait sans doute pouvoir le sortir plus tôt que prévu. Mais la question qui se pose est de l'utilité de sortir un disque si ce n'est pas pour faire une vraie release party ni le soutenir en live.

A côté de ça, on a discuté avec les quelques structures avec lesquelles on travaille et c'est compliqué pour elles. Certaines ont des employés, elles font donc super attention. Or au départ aucune info ne circulait, personne ne savait ce qui était faisable ou pas.

VISIONS : Le gouvernement s'est fait un peu chahuté par des artistes et des organisations ...

AXEL : Il a été particulièrement silencieux. En Allemagne 50 milliards d'euros ont été débloqués pour aider les artistes au début du premier confinement. En France, 27 millions, soit 2000 fois moins. En Allemagne il n'y a pas d'intermittence, un musicien est un travailleur indépendant. Pourtant le deuxième jour, les musiciens berlinois ont reçu 9000 euros sur leur compte (4). Je ne sais si c'est la même somme pour tous les landers, mais le gouvernement a aidé les artistes dès le début pour que le confinement se passe le mieux possible pour eux. Les artistes dont l'activité est arrêtée sans avoir aucune visibilité se posent déjà moins la question du paiement de leur loyer, de leur électricité, etc. C'est un énorme stress en moins.

VISIONS : Et une considération des artistes qui est tout à fait différente, ça s'est fait sans qu'il n'y ait eu de revendications...

AXEL : Ils sont conscients que les artistes sont importants et jouent un rôle à part entière dans la société. Il faut quand même dire que là-bas, les événement artistiques et culturels sont beaucoup moins subventionnés, l'argent vient beaucoup plus de la billetterie et des consommations. Mais en France, pour la gestion des fonds publics qui ont été versés et qui auraient dû servir aux événements publics, parfois gratuits, aussi bien pour la musique que le théâtre ou les arts de rue, c'est le flou total. Certains organisateurs ont été très transparents, et ont communiqué avec les intervenants pour essayer de trouver des solutions. D'autres, au contraire, jouent la montre et bloquent l’argent touché pour un spectacle qui n'a pas eu lieu. L'argent de la culture n'a pas disparu, il existe, mais une partie qui a déjà été versée pour financer des événements dort dans les caisses des commanditaires. Les artistes ne sont pas les seuls touchés, beaucoup de structures qui ont des employés sont extrêmement dépendantes de cet argent. C'est encore et toujours l'inconnu, on ne sait pas combien de temps cela va durer.

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VISIONS : Qu'est-ce qui s'est passé pour vous depuis la fin du premier confinement ? Quels sont les perspectives du label ?

AXEL : On a fait une petite tournée en Suisse avec Derya Yildirim & Grup Şimşek, cette fois avec public, bien entendu tout en plein air avec jauges réduites. Et enfin, on a organisé un petit festival sur un weekend du mois d'Août avec une petite dizaine de groupes, on n'a pas fait de com : c'était juste du bouche à oreille... et ça s'est super bien passé !

Depuis la rentrée comme on le sait, les choses se sont rigidifiées de nouveau, et on se concentre sur nos 3 prochaines sorties, prévues pour début 2021 : un nouvel album des Pythons de la Fournaise en coproduction avec le label américain Wax Thematique, et puis nos deux groupes "maison" Guess What et Derya Yıldırım & Grup Şimşek qui ont aussi bien avancé leurs albums respectifs. Je crois aussi que Phat Dat, le groupe de mes deux comparses Antonin et Damien, prépare un deuxième EP.

J'imagine qu'on n'est pas les seuls à faire ça, il faut s'attendre à un bon embouteillage de sorties de disques l'an prochain ! Mais je ne pense pas qu'écouter plus de musique soit une mauvaise perspective, au contraire...

(1) https://www.mixcloud.com/deekool/have-a-travel-23-mars-2017/

(2) http://theatticmag.com/outernational

(3) Interview ici : https://www.nova.fr/podcast/comment-te-dire/graham-mushnik-ouvre-le-festival-du-peristyle Concert là : https://www.youtube.com/watch?v=rpMZd7eS2Hs&feature=emb_err_woyt

(4) https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/en-allemagne-une-aide-de-9000-euros-pour-les-artistes-et-independants_2122693.html

Sur le web :