Be My Weapon - March 2009

 

Depuis 1990, David Freel évolue au sein d’un univers bien délimité, dans lequel il nage comme un poisson dans l’eau. Sans jamais déroger à une recette de base (guitare, basse, batterie, un peu le lait-œuf-farine de la pop) il publie avec ses compères, sous le nom de Swell, des albums variés, tristes et lumineux, ou apaisants et obscurs, comme vous voulez.

Cette fois-ci, il décide de sortir un disque en solo sous le nom de Be My Weapon, en catimini, sans rien dire à personne. Il n’est même pas crédité sur la pochette, qui se réduit à sa plus simple expression. Une rupture définitive avec ce qu’était Swell après un dernier album (South of the Rain and Snow) qui semble marquer le pas ? Même pas. Au contraire, on est là beaucoup plus dans la continuité de ce qu’était Swell avant South… A savoir, un retour à plus d’électricité, certains riffs –voire carrément certaines compos – pouvant remémorer le 41 ou le Too Many Days Without Thinking.

 

Alors, ceux qui attendent un disque suintant le génie à la première écoute pourraient bien être déçus : March/2009 n’est pas un album de tous les superlatifs, pas un album de l’extrême, rien qui ne puisse combler le manque d’excitation qui appelle la satisfaction du plaisir immédiat. Il faudra sans doute un peu de patience, et plusieurs écoutes, pour véritablement apprécier la sobriété des compositions et de l’instrumentation.

Sous une apparente fadeur, les titres révèlent leur saveur à l’écoute : quelques notes de guitares qui pouvaient paraître d’une bête banalité au premier abord prennent au fur et à mesure tout leur sens et, à l’écoute suivante, on les attend avec impatience. L’ensemble de l’album se déroule sans à-coups, sans heurt, et dans une ambiance calme, Freel nous chante ses comptines pour adultes.

 

Là où on se demande où Freel veut en venir, ce qui relève de l’incompréhensible, c’est l’utilisation de ce patronyme pour un disque qui ressemble plus à un retour en arrière qu’à une émancipation dans un projet parallèle. Si un disque avait dû être sous le nom de Be My Weapon, c’est bien South of the Rain and Snow, « l’album le moins autobiographique mais le plus personnel que j’aie jamais fait », affirme Freel dans ses notes de pochette.

Je suppose que c’est une façon de mettre la longue aventure Swell de coté … pour un temps du moins.

 

2009 - psychospecificmusic